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Fig. 56 – Théodore Rousseau, Mont Blanc vu du col de la
                                            Faucille, 1834. Huile sur toile, 146,5 x 242 cm. Copenhague,                                               67
                                            Ny Carlsberg Glyptotek, inv. min 1783


                        Convergence d’autant plus intéressante que Sensier connut per-  d’exil, s’exclame : « Quelle victoire ! Enfin on les a vus là, à ciel ou-
                        sonnellement Rousseau et le suivit longtemps pas à pas pour en ap-  vert, ceux que j’ai tant admirés... ».
                        précier l’œuvre et la personnalité. Pourtant, s’il cite Charles Jaque  Rousseau égale ou dépasse même les nombreux artistes-
                        (1812-1894) et Jules Dupré (1811-1889) au sujet de Michel, il ne  paysagistes de l’époque. En 1855, il est devenu un peintre expéri-
                        fait aucun rapprochement avec Rousseau.                      menté et aguerri. Il est depuis longtemps formé aux courbes et aux
                                                                                     couleurs de la nature, aux paysages du Jura, de Franche-Comté,
                        C’est l’époque florissante des Salons, des journaux, des gazettes et  d’Auvergne, de Normandie, du Berry, de Sologne, des Landes
                        des critiques d’art. Ainsi pouvons-nous sans doute recueillir, à tra-  et enfin d’Ile-de-France qu’il parcourt en tous sens : l’Oise, la
                        vers leurs commentaires, des avis circonstanciés sur les tendances  Picardie,Senlis,l’Ile-Adam,Compiègne.Achaqueétape,ilajouteà
                        et l’évolution de cette nouvelle peinture. La plupart des peintres de  sonœuvreunedimensionnouvelle.DuJura,ilrapporte – déjà – des
                        la nature qui fréquentent les Salons n’échappent généralement pas  tableaux aux horizons mystérieux et tourmentés comme le célèbre
                        aux plumes acerbes des commentateurs, une source incomparable  Mont Blanc vu du col de la Faucille (fig. 56). Ce tableau annonce-t-il
                        et appréciable de renseignements sur les nombreux artistes de cette  le goût de Rousseau pour les pochades sur papier, les vues panora-
                        époque bouillonnante. « Chacun se souvient de l’Exposition univer-  miques significatives de sa première période et sa préférence pour
                        selle de 1855... Chacun entend encore les chants de triomphe des  les horizons qu’il met si souvent en scène comme le fit Paul Huet en
                        vaincus de 1830, devenus vainqueurs à leur tour, et de toute cette  Auvergne ? Connaissait-il les immensités peintes par Michel, dont
                        vaillante armée, qui avait pour chefs Eugène Delacroix, Alexandre-  lui avait sans doute parlé Sensier ? Cette attirance devient une pas-
                        Gabriel Decamps, Ary Scheffer, Théodore Rousseau, Narcisse   sion commune pour les horizons fuyants et insaisissables, illuminés
                        Diaz, Ernest Meissonier. Il avait fallu vingt-cinq ans pour que cette  par des ciels mouvementés et torturés par des nuages menaçants et
                        vérité fût enfin acceptée » . Enfin le succès. Rousseau, qui a lente-  orageux.
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                        ment gravi les marches de la gloire, voit son nom côtoyer celui de
                        l’immense Delacroix. Quel triomphe ! Théophile Thoré, de retour








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